Elisabeth Bard

Mutations

Dessin. Le papier est couché. La trace court, s’invente, se retient, s’élargit, s’affine, part, revient, arpente l’espace, se suspend, reprend. La main travaille, suit, précède, apprend à ne pas vouloir, à obéir, à entendre l’inaudible, à voir l’invisible, apprend à décider. Le regard sème, le regard apprend à regarder. Dessin. Posé, vit de lui même. Encadré, prend du galon.

Les lignes, les aplats, ouvertement signifiants ou non, parlent. Formulent des lointains, des proches.

Inclus dans le bloc de plexiglas, le dessin s’érige. Le papier devient lieu, entre deux de la forme créée à l’encre et de l’air, de la lumière. Le dessin l’a pénétré, épousé. Il joue le jeu des transparences, des reflets, des multiplications, des effacements. Il devient sujet de l’espace, quidam, funambule.

Peintures et dessins originaux à l’encre inclus dans plexiglas PMMA. Les Mamas (dessins à l’encre rouge turc) sont nées en 2008 du ventre des femmes, des bouches de l’enfant, de leurs filiations sauvages et tendres. Je les dédiais à Sarah, à son ventre plein de lune, à Ludivine, Thao et Marc et aux enfants qui vinrent des îles de nos désirs. Elles se sont prolongées en d’autres mondes suspendus, collections d’espèces d’espaces et autres finistères. un triptique, L’esprit de la femme tortue en 2014. Et en 2015, Réfractions et La peau de l’ourse, parlent de mangroves et banquises. Celles-ci seront-elles réduites à des miniatures enchassées en de délicates réserves ? ... Ma tentative d’honorer le précieux vivant éphémère ...