Elisabeth Bard

Carnets

Carnets, mes feuillets emportés, lattants, griffonnés, où s’adonnent et s’abandonnent recherches et restes de matières que je ne peux me résoudre à vider dans l’évier. Ils sont à la fois trituration et liberté.
Triturer : broyer par friction, frottement, pression, pulvériser la matière afin que, diluée à une autre substance, elle féconde un mélange actif …
C’est en effet à peu près ce qui se passe avec mes carnets, entre les encres, couleurs, traits et la plus ou moins onctueuse nature de l’esprit qui cherche. Il cherche et, tout à la fois, se laisse prendre par le processus. C’est là qu’il tire le fil de ce qui vient.
Mes carnets m’accompagnent, se perdent, se retrouvent, ont ainsi des chronologies aléatoires, des vides et des trop pleins. Ils portent la rumeur de mes traversées mentales et géographiques, l’empreinte de ce qui m’abreuve au détour.